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MARAD en solidarité avec les occupations

Nous, juives et juifs décoloniaux, membres du collectif MARAD, voulons exprimer tout notre soutien aux occupations dans les universités et les HES suisses, et en particulier avec nos camarades qui subissent une répression politique abjecte.

Occupation, écran de fumée et répression

Nous sommes admiratifvexs des mouvements étudiants qui prennent en charge les responsabilités morales que les autorités et les institutions refusent de garantir depuis le 7 octobre 2023, mais aussi depuis l’avènement de la Nakba. Dans ce contexte, le rôle de l’institution — dans une politique juste de transmission de savoir, serait d’être à la hauteur d’une production de savoir transparente sur la situation réelle, actuelle et historique de la Palestine, en faisant intervenir les personnes adéquates, y compris, et avant tout, des voix palestiniennes. Les crimes perpétrés par l’État israélien sont largement documentés, et les intentions expansionnistes, colonialistes et racistes du mouvement sioniste et ses adhérents n’ont jamais été dissimulés.

Nous condamnons toute tentative de silencer ou de criminaliser les demandes des étudiantexs de ne pas être associéexs à un état meurtrier. Critiquer l’État d’Israël est légitime et un droit qui relève de la libre expression. Nous affirmons, en tant que personnes juives et comme collectif juif, que défendre les droits fondamentaux du peuple palestinien n’est en rien un acte antisémite, que le slogan « From the river to the sea », aujourd’hui et historiquement, revendique un territoire entre le Jourdain et la Méditerranée dans lequel toute personne y vivant puisse jouir de droits égalitaires, indépendamment de sa religion ou de son ethnie.


La création de l’État d’Israël ne pourra jamais supprimer la culpabilité de l’Europe et de la Suisse dans les horreurs de la Shoah. Nous refusons que le peuple palestinien en paie les conséquences. Il est aussi primordial de rappeler que la création d’Israël ne date pas de la Seconde Guerre mondiale, et que les pays responsables et complices de la Shoah ne pourront s’en innocenter aux dépens du peuple palestinien. Le projet sioniste de colonisation de la Palestine a été émis dès la fin du XIX siècle et est un mouvement idéologique calqué sur les nationalismes européens qui ont vu naître les mouvements fascistes. Le sionisme a fait le triste choix d’adopter les valeurs et les idéologies de ceux-là mêmes qui les oppressaient.

L’État israélien, même s’il le revendique, ne peut en aucun cas représenter les judéités. Faire cet amalgame est extrêmement endommageant pour nous. Faire l’équivalence entre critique d’Israël et antisémitisme, ou antisionisme et antisémitisme est un stratagème pernicieux qui met en danger toute personne qui lutte pour une Palestine libre, mais aussi pour les personnes juives. Cette confusion est aussi entretenue et récupérée par les mouvements de droite afin de banaliser et normaliser l’islamophobie effrayante qui s’est installée en Europe et en Suisse depuis au moins 25 ans. Nous savons que la communauté étudiante est consciente de cet état de fait. Nous pouvons témoigner de la bienveillance et de la solidarité dont nous avons pu bénéficier au sein de collectifs estudiantins ou non, qui défendent les droits du peuple palestinien, sans exception.

Face à l’urgence, la Palestine en révélateur

Certainexs se demandent encore : peut-on parler de génocide ? Oui ! L’urgence est d’arrêter le massacre, non pas d’attendre que les instances légales internationales tranchent la question. Les débats au sein des médias, des institutions et de la société civile créent un retard inadmissible sur les mesures qui devraient être prises immédiatement pour mettre fin à la violence. En ce moment même, à chaque débat, à chaque hésitation des médias ou des autorités, des enfants, des femmes et des hommes palestiniennexs se font assassiner par l’armée israélienne.

Dans ce contexte, nous réitérons notre soutien aux étudiantexs qui se mobilisent alors qu’ielles sont témoins de la destruction totale des universités gazaouies par une attaque génocidaire de l’État israélien. Ceci va bien au-delà d’une opinion ou une position politique et concerne une urgence morale et éthique : le refus simple de participer, de quelque manière que ce soit, à la violence que le peuple palestinien subit depuis près d’un siècle. À ce sujet, le manque de responsabilité dont font preuve les institutions académiques en Suisse et en Europe est au mieux déplorable, au pire, complice. Nous encourageons leurs directions à sérieusement prendre en compte les voix des étudiantexs et à accéder à leurs revendications.


À touxtes nous disons de tourner leurs regards vers Gaza et vers l’Université de Genève : l’injonction au dialogue pour n’arracher que la décence, un refus total d’engager des négociations de bonne foi pour éviter d’assumer des conflits d’intérêts criants, la répression pour silencer les voix palestiniennes et celle de leurs alliées.

La preuve par Leuba que la neutralité est un mirage.

La preuve par la Palestine que la mobilisation paye et fait bouger les lignes.


Nous transmettons à nouveau tout notre soutien, notre admiration et notre fierté aux étudiantexs et au corps enseignant qui se mobilisent pour la Palestine.

MARAD, Collectif juif décolonial